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8 avril 2008 2 08 /04 /avril /2008 13:08
  Index des pipes vêtues de cuir

L'idée originelle d'une pipe en Bruyère gainée, généralement attribuée à Jean Cassegrain, a été reprise, adaptée, copiée, perfectionnée par nombre de marques, de distributeurs ou de civettes. Dés lors, on aurait pu s'attendre à ce que les pipes en écume de mer suivent le même chemin. Il n'en est rien.

Les pipes en "écume véritable" habillées de cuir sont plutôt rares et cela est d'autant plus étonnant qu'on aurait pu ajouter aux arguments commerciaux habituels, d'autres plus spécifiques : la pipe en écume est particulièrement fragile et on aurait pu prétendre, pour commencer, que le cuir offrait une protection contre les chocs. Par ailleurs, les inconditionnels de ce genre de pipes savent que lorsqu'on les inaugure, il est de coutume de le faire muni de gants pour ne pas laisser de vilaines et indélébiles traces de doigts. Un esprit pragmatique pourrait voir un avantage à se soustraire à cette charmante corvée. Il y avait donc au moins autant de raisons, sinon plus, pour gainer les Ecumes à l'instar des Bruyères et pourtant on n'en a pas tiré parti.

Cependant ces pipes ne sont pas entièrement inexistantes et celle-ci en est une rare et digne représentante.

Vues gauche et droite de la pipe billiard en écume gainée de cuir

Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les bords du fourneau pour se convaincre que la tête est entièrement en écume.

Vue de dessus montrant la nature des matériaux

La marque qui a pris l'initiative de ce travail n'a pas jugée important de se faire connaître. L'estampillage sur le cuir se résume à un laconique GENUINE BLOCK MEERSCHAUM qui nous signifie simplement qu'il ne s'agit pas là d'une de ces écumes reconstituées par moulage à partir d'une poudre mélangée à un liant (1), mais bien d'une pipe taillée dans la fameuse roche volcanique(2).

Détail du gainage

Les sceptiques du gainage des pipes en Bruyère trouveront autant d'arguments à fustiger l'habillage des Ecumes. Alors qu'on cache la texture et le grain des premières, ils prétendront pareillement qu'on se prive du dégradé chaleureux qui caractérise le fourneau des secondes. Dans ce débat sans fin, ce billet consacré exceptionnellement (3) à une pipe qui n'est pas en bois, n'a d'autre prétention que d'informer de manière complète, les partisans de la nudité des pipes et ceux de l'habillage.

Nomenclature   Dimensions  
Valeur
       
 
Genuine Block Meerschaum   Long : 15,2 cm
Haut : 3,6 cm
 
38,00 €
(Estate)

(1) Qui pourrait donner plus de précisions sur une éventuelle présence d'amiante dans les écumes reconstituées ?

(2) L'écume de mer est de la sépiolite, une argile fibreuse. D'un point de vue chimique, il s'agit d'un silicate de magnésium hydraté, qui se forme par précipitation dans un environnement généralement lacustre, d'ions issus de la dégradation chimique de roches volcaniques.

(3) Autre pipe en écume sur ce site :
"Mon caprice"

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27 mars 2008 4 27 /03 /mars /2008 17:47
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Série : Les pipes de poche

Les fumeurs de pipe bien pensant estiment qu'un pipier digne de ce non ne devrait pas verser dans le miniaturisme des brûle gueules et autre pipes de poche. Ces pipes ne pourraient pas procurer le plaisir d'une fumée fraîche et sèche. Ce n'est pas entièrement faux.

Mais on pourrait argumenter par ailleurs qu'un artisan achevé devrait s'essayer parfois, à relever des défis, ne serait ce que par curiosité et à titre exceptionnel. Peter Brakner (Danemark) était à l'évidence un de ces gars qui n'avait peur de rien. Un peu fou, un peu atypique, un peu marginal. Cela ne l'a pas empêché de se tailler de son vivant une excellente réputation fondée sur la qualité de ses réalisations et en particulier son fameux guillochage aussi fin que des cheveux. Ses pipes sont reconnaissables entre mille grâce à cette finition dont il est l'inventeur et que d'autres, et non des moindre, ont essayé d'imiter.

Toujours est-il que notre danois n'a pas reculé là où d'autres n'auraient eu que mépris ou haussement d'épaules. Sa pipe de poche, destinée au marché américain et qu'il est possible de dater du début des années 70, est pour le moins surprenante.

 
   

La simplicité du foyer contraste avec le baroque du tuyau qui n'est pas sans rappeler les pièces de jeu d'échecs en vigueur avant le standard Staunton. Les artisans s'en donnaient à coeur joie en multipliant les rondelles et c'est un peu l'impression qui reste en contemplant le tuyau entièrement tourné de la main de Brakner.

Bien que cela ne paraisse pas ici, il partageait avec Tom Spanu l'habitude d'une marque distinctive originale sur ses tuyaux : le point vert (1). Avant eux, les pipes Canadiennes Blatter avaient inauguré subrepticement ce club très fermé.

Les clichés de cette pipe ont du mal à traduire la "micro-rustication" (2) dont il a jalousement gardé le secret jusque dans sa tombe.

Mais ces deux gros plans pris sur d'autres pipes permettront au lecteur de se faire une assez bonne idée de cette finition caractéristique baptisée "Antique" par le maître danois.

Les pipes de poche signées Brakner ne sont pas légion. Il les a néanmoins produites sur une durée relativement longue puisqu'on en trouve déjà un modèle dans le catalogue de son revendeur favori, W. O. Larsen, début des années 60. Le tuyau de celle-ci me semble d'avantage adapté à la forme de la pipe et d'une ergonomie plus sure eu égard à sa portabilité.

Cette image est recomposée à partir d'éléments du catalogue

Sans doute faut-il les considérer comme le résultat d'une expérimentation, d'un petit plaisir qu'il se faisait de temps en temps, ce qui leur confère le droit de paraître dans ces colonnes dédiées à l'exceptionnel autant qu'à l'étrange.

Nomenclature   Dimensions  
Valeur
       
 
Brakner Antique
Hand-Cut Denmark
  Long : 8,9 cm
Haut : 10,7 cm
 
21,50 €
31.00 US$
(Estate)

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(1)
Point vert et estampillage des pipes de Peter Brakner
Point vert et estampillage des pipes de Tom Spanu
Point vert et estampillage des pipes Blatter

(2)"Rustication" est la traduction de guillochage en anglais

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22 mars 2008 6 22 /03 /mars /2008 17:27

Je leur dois l'existence même de ce blog. Sans eux, sans leurs clichés, ce site ne pourrait vivre. Il s'agit de toutes ces personnes qui photographient les pipes pour les mettre en vente sur les sites d'enchère en ligne.

Je reconnais maintenant ces vendeurs à la simple vue des images qu'ils publient : chacun possède son style, sa mise en perspective, ses angles de vue. Il est vrai que certains me cause bien du souci en apposant sur chaque cliché un tampon ou un filigrane à leur nom. Mais c'est de bonne grâce que je me prête à l'exercice consistant à faire disparaître ces graffitis du plus mauvais effet dans le cadre de mes articles. Qu'ils me pardonnent. J'ai appris aussi à remédier aux fonds d'image vert pomme ou orange snack-bar qui vous font mal aux yeux, et les quadrillages centimétriques ou les napperons de grand-mère ne résistent pas plus longtemps au lifting.

Les vendeurs qui se donnent de la peine et proposent des images de leurs pipes qui sont nettes, de grandes tailles et en nombre, ne sont pas légion. Une douzaine d'artistes tous pays confondus poussent leurs présentations jusqu'à montrer systématiquement leurs pipes sous des angles immuables ce qui permet de retrouver régulièrement, au même endroit, le détail de la pipe qui vous intéresse : toujours deux photos pour montrer les deux faces de la lentille, deux autres pour mettre en exergue les marquages sur les cotés gauche et droit de la pipe, automatiquement une photo du logo, s'il existe. La sixième photo dans les annonces d'untel correspond régulièrement à une vue de dessous. Certains commencent toujours leurs séries avec un gros plan sur le fourneau, d'autres ne dérogent jamais à l'habitude de montrer une vue globale de la pipe à vendre.

Tout cela crée une identité du vendeur qui, malheureusement, ne remplace pas ce qui donnerait un réel éclairage de sa personne : son portrait. Quoique...

Une pipe bien cirée, bien lustrée, peut renvoyer l'image de celui qui la photographie et on a parfois accès ainsi à l'envers du miroir. Certains vendeurs se doutent-ils qu'ils sont sur les traces de Jan van Eyck ?

Jan van Eyck, Les époux Arnolfini (1434)
Panneau de bois 82 × 60 cm

Le peintre avait installé derrière le couple un miroir grand angle renvoyant l'image de l'artiste face à sa toile, sur laquelle il a peint le miroir renvoyant l'image de l'artiste face à sa toile... Les boucles d'oreilles de "La vache qui rit" avant l'heure, une mise en abyme.

J'ai souvent essayé de discerner dans ces reflets tordus, torturés par les courbures de la pipe, quelque information sur l'origine de ces illustrations qui font le coeur de mes articles. Une manière de passer derrière l'écran en quelque sorte et sûrement aussi l'expression d'une frustration à ne pas pouvoir communiquer directement avec mes généreux bienfaiteurs. Las, on n'y discerne la plupart du temps qu'ampoules, néons, fenêtres ou encore le bout d'un objectif.

Et puis, parfois on voit cela :

Ce gars-là (mkelaw, USA) sait lustrer ses tuyaux de pipe ! On pourrait s'y raser.

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11 mars 2008 2 11 /03 /mars /2008 22:11
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Série : Les pipes de poche

Hazelbury, Le 3 septembre 1782

Mon nom est Tom Whitfield, ancien marin au service de notre roi Georges II. J'avais a peine 18 ans en 1746 quand je suis entré dans une civette de Southampton dont le vendeur me présenta une curiosité : une pipe en merisier. Je fumais comme tous mes compagnons de l'époque des longues pipes en terre qui avaient la fâcheuse habitude de se briser au moindre branle bas de combat. Séduit par le peu d'encombrement de l'objet, sa lentille en ambre, sa décoration somptueuse, la robustesse du matériau et le baratin du vendeur j'ai fini par débourser la pièce de deux guinées qu'on en réclamait. Elle se lovait parfaitement au fond de mes poches et donnait à mes flakes un goût nouveau sans compter l'admiration des autres marins pour cet objet nouveau et si pratique.

Pipe du XVIIIieme siècle en merisier incrusté d'étain

Cette merveilleuse pipe a été ma compagne à la bataille de Toulon ou je servais sur le H.M.S. Jupiter, dans les bouges de Port Mahon à Minorque et les tripots de Port Royal en Jamaïque. J'y étais tellement attaché qu'un jour de 1757 j'y fis graver mon nom et c'est la même année, lors de la mémorable expédition, qu'elle m'a été du plus grand réconfort.

J'étais alors affecté au vaisseau de premier rang, le H.M.S. Royal George, qui logeait à lui seul 100 canons.

H.M.S Royal George selon une peinture du XVIIIieme siècle

En ce mois d'Août 1757, il était à la tête d'une armada de 31 bâtiments, 11 000 hommes et 1 300 canons qui fondait sur les côtes françaises. Nous avions pris possession de l'île d'Aix, et le 28 Août nous étions en vue de notre objectif : Rochefort, l'arsenal de la flotte française, non loin de La Rochelle qu'il était prévu de prendre dans la foulée.

L'ouverture dans la tige devait être bouchée pour fumer cette pipe

Je me rappelle l'étonnement de mes camarades lorsque je l'ai sortie de ma poche alors que nous attendions déjà depuis plus de trois heures, balancés dans notre barque, les ordres pour gagner la terre et passer à l'attaque. Il était cinq heure du matin, il faisait froid et la mer était vraiment agitée. Nous attendions là, à 1 mile de la côte, alors que les esquifs étaient jetés les uns sur les autres et heurtaient les vaisseaux

Le désordre était à son comble quand je me suis permis de bourrer et d'allumer ma pipe favorite pour patienter. A peine avais-je eu le temps de tirer quelques délicieuses bouffées, que l'ordre de remonter à bord est tombé. Alors que tout le monde voulait en découdre avec le français, cette décision du commandement, incompréhensible de tous, installa la mauvaise humeur et pour tout dire, la réprobation générale. Ce matin là je du à ma pipe de garder mon calme et me préserver de la honte qui envahit l'équipage. Elle était d'un incroyable réconfort et m'a permis de surmonter la frustration qui avait envahi tout le pont.

Cette vue présente l'obturation du perçage vertical.

Au retour, l'affaire a fait grand bruit, comme vous le savez, et tout le monde a encore en tête les accusations de couardise et les attendus de la Cour Martiale qui ont frappé le Lieutenant Général Sir John Mordaunt et le Vice amiral Charles Knowles en décembre 1757. Du coté français, l'ironie l'a disputé à la moquerie

Je chante d’Albion la fameuse entreprise
Si longtemps annoncée à l’Europe surprise.
Aux projects menaçants de cette fière cour
L’un et l’autre hémisphère a tremblé tour à tour.
Les monts sont dépouillés de leurs forêts altières,
L’océan est couvert de flottes meurtrières !
Héla ! sur quel païs, tant de foudres d’airain
Vont-ils vomir la mort qu’ils portent dans leur sein ?
Muse conduis mes pas sur le vaste Neptune ;
Des tyrans de la mer, apprends moi la fortune ;
Dis-moi par quels exploits, dans quelle région,
Ils ont fait éclater la gloire de leur nom ;
Que dis-je les vois ; déjà Mordaunt et Hauke ,
Ont pris l’ile d’Aix l’importante bicoque.
Après un si beau coup, et de si grands efforts,
Glorieux, triomphants ils rentrent sur leurs bords,
Retournent à Portsmouth, annoncent leur conquête,
Tout prêt à la payer, s’il le faut, de leur tête.
De peu d’un pareil sort, Muse, rentrons aussi ;
Aix est pris, rendu ; le poème est fini.

J'ai quitté la Royal Navy après cette malheureuse aventure pour me consacrer à mon lopin de terre. La pipe est restée ma fidèle compagne et s'est avérée aussi pratique aux champs que sur les océans.

Elle a survécut au H.M.S. Royal George qui vient de sombrer la semaine dernière à un miles au large de Portsmouth. Le fier navire était à l'ancre dans la rade de Spithead pour un chargement de rhum qui fut malencontreusement disposé entièrement à tribord. Le batiment a pris de la gîte et a embarqué de l'eau par les écoutilles de canon, sans doute mal fermées, si bien que ce fleuron de la flotte royale a sombré en un clin d'oeil. La chose serait hilarante si le naufrage n'avait provoqué la perte de 900 malheureux dont 300 femmes et 60 enfants venus visiter le bâtiment.

Nomenclature   Dimensions  
Valeur
       
 
Tom Whitfield   Long : 10,1 cm  
1,135 US$
740,20 €
(Estate)

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Tous les faits, leur date et leurs protagonistes sont authentiques.... y compris le nom du marin lui même.

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7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 12:27
  Index "Cavalier"

Avec cet article, je lance une bouteille à la mer en espérant qu'un jour quelqu'un pourra sortir cette pipe de son anonymat sur la base des illustrations ci-dessous, nous informer sur son histoire et celle des hommes qui l'ont conçus. Elle le vaudrait bien.

L'allure générale de la pipe et les matériaux employés me font croire qu'il s'agit d'une réalisation de la fin du XIX ième siècle.

Vue globale de la pipe

Le bois est à l'évidence de la Bruyère et le bout du tuyau ainsi que le bouchon caractéristique des pipes Cavalier sont en ambre. La première partie du tuyau est une allonge en bois de Bruyère, ouvragée de manière peu habituelle : le coude qui ménage une place pour l'index et le majeur de part et d'autre de la bosse, est le détail qui confère en grande partie de l'originalité à cette pipe.

Gros plan sur la tête de la pipe Cavalier

L'estampille appliquée sur le coté de la tige pourrait bien faire la différence pour l'identifier : il s'agit, sur le première ligne, de deux lettres (des initiales ?) G K entre lesquelles vient se placer une croix à deux traverses de même longueur. Ce n'est donc pas une croix de Lorraine. En seconde ligne, la mention "DEPOSE" indique de manière certaine une provenance française.

Estampille à lavec croix à double traverses

Cette marque distinctive avec ses lettres dont la dorure a remarquablement passé l'épreuve du temps, devrait être assez discriminante pour resserrer sérieusement les possibilités d'identification.

Le fabricant considérait déjà à l'époque que sa pipe était assez précieuse pour mériter un étui. Cette tradition est abandonnée de nos jours sauf pour les écumes de mer dont la fragilité oblige à une protection. Mais on estimait jadis qu'un simple petit sac en tissus n'était pas à la hauteur des pipes en Bruyère de valeur et on se donnait la peine de réaliser ces étuis rigides, garnis de velours et faits sur mesure.

Pipe dans son étui de velour bleu

Toute personne ayant quelque information sur l'origine de cette pipe Cavalier peut laisser un commentaire en bas de l'article ou m'envoyer un message électronique ("Contact" en bas de page).

Nomenclature   Dimensions  
Valeur
       
 
G ‡ K
DEPOSE
  Long : 15,5 cm  
101,00 €
(Estate)

Autre pipe Cavalier ancienne et anonyme sur ce site : Y comme upsilon

Réponse reçue le 9 Avril 2008 (par message électronique)
CONFRERIE DES MAITRES PIPIERS
Bonjour,
Je ne sais pas si votre pipe correspond à la marque que j'ai retrouvé dans les archives des marques déposées mais cela y ressemble quelque peu. Il s'agirait d'une marque déposée le 21 mai 1891 par Georges Koch (avec la fameuse croix) mais je n'ai aucune adresse...
Voilà, c'est peut être un début...
Bonne journée
La Confrérie

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 14:52
  Index des pipes vêtues de cuir

Earl "Fatha" Hines, de son vrai nom Earl Kenneth Hines (1903- 1983), pianiste de jazz qui accompagna les plus grands et dont l'oeuvre en tant que soliste, surtout, est remarquable, a été fumeur de pipe tout au long de sa vie. Il ne dédaignait pas le cigare de temps en temps et fumait selon les périodes la cigarette. Evidemment cela n'a pas arrangé ses artères, mais il n'est pas interdit de penser que la bouffarde y était pour quelque chose dans son incroyable capacité à improviser. La pipe inspire.

La pochette de disque qui accompagne ces lignes révèle à la fois son goût pour les pipes droites et l'étrange manière qu'il avait de porter son instrument de fumage. Hines n'était pourtant pas prognathe.

 
Earl Hines vers 1930  

Pour maintenir son engin à l'horizontale parfaite, il faut avancer la mâchoire inférieure, un exercice susceptible d'engendrer des crampes chez le premier fumeur venu. Notre homme tient la position naturellement tout en jouant avec la virtuosité que l'on sait. Cela est d'autant plus remarquable que la pipe qu'il arbore est une "pot", forme dont le foyer large et trappu n'en fait pas un poids plume.

Le lecteur pourra se faire une bonne opinion de cette forme de foyers aux contenances généreuses en admirant deux pipes gainées de cuir dont la première est une Savinelli.

Pipe Savinelli

La provenance de la seconde est plus complexe parce qu'elle est simplement estampillée "AMBASSADOR" et que cette dénomination a été reprise par nombre de marques telles GBD (Angleterre) ou Kaufmann Brothers & Bondi (USA). Mais dans ce cas je pencherais plutôt à l'attribuer à la maison Gasparini (Italie) qui avait l'habitude de recourir à ce label pour ses pipes d'exportation.

Pipe Ambassador

On comprendra avec ces deux exemples de pipes "pot" que tenir un tel engin à bout de mâchoire, ne serait-ce que 3 minutes, tout en essayant de jouer "Off time Blues" (.mid), relève du tour de force.

Nomenclature   Dimensions  
Valeur
       
 
SAVINELLI   Long : 13,3 cm
Ø ext. foyer : 3,9 cm
Ø int. foyer : 2,2 cm
 
19,13 €
(Estate)
         
AMBASSADOR   Long : 13,3 cm
Ø ext. foyer : 3,9 cm
Ø int. foyer : 2,0 cm
 
21,50 €
(Non fumée)

Autres pipes liées au Jazz sur ce site :
"Black, Brown and Beige"

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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 10:41
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Série : Les pipes-cigare

Le premier brevet déposé pour une pipe-cigare remonte à 1877(1). Entre une idée et sa diffusion il faut du temps, il faut que le consomateur soit prêt. Au début du vingtième siècle la racine de Bruyère se généralise, de nouveaux horizons s'ouvrent pour les fabricants, on assiste à une accélération du dépôt de brevets et l'idée de fumer à l'horizontale reprend du poil de la bête.

En 1903, on propose cela :

Il semblerait que cette pipe en deux parties dévissables ne reçoive la charge de tabac que dans la partie gauche, celle de droite n'ayant qu'un rôle de protection et de prise d'air.

En 1910 un projet déposé à l' United State Patent Office est illustré ainsi :

Cette pipe a bel et bien été commercialisée, si bien qu'en cherchant bien on peut la trouver aujourd'hui sur le marché de l'occasion.

Vue de l'extérieur on se rend compte qu'il s'agit d'une variante légèrement plus allongée que le modèle couché sur papier. Il lui a aussi été ajouté des évents supplémentaires, près de la bague, en arrière des deux prévus initialement à l'avant.

En y regardant de plus près on se rend compte que le bois n'est pas de la Bruyère mais plus probablement du Carya (Angl. : Hickory), essence dure, voisine de notre noyer européen. La fente montre qu'il n'a pas résisté aux démontages successifs malgré la bague. Ce choix de bois est pour le moins surprenant en ce début de vingtième siècle où la Bruyère triomphe, mais il s'explique parfaitement quand on ouvre la pipe.

Le tabac incandescent ne se trouve jamais en contact direct avec la partie munie des évents qui n'est qu'un capuchon. Le foyer est confiné dans un tube en céramique. Cet insert est amovible pour faciliter le nettoyage.

Fumer dans de la céramique n'est pas particulièrement agréable. Ceux d'entre vous qui se sont essayés à ces longues pipes bavaroises décorées de scènes de chasse peuvent en témoigner. Gageons que cette pipe devait, quoiqu'on fasse, affreusement glouglouter. Son intérêt est avant tout historique et c'est bien cela qui lui vaut une place de choix dans ce chapitre consacré aux pipes-cigare.

(1) Voir article :
"US Patent 1877"

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25 janvier 2008 5 25 /01 /janvier /2008 08:57
  Index "Cavalier"

Certaines pipes vous tapent à l'oeil immédiatement. Le rapport de séduction s'installe sans que vous soyez à même de trouver les mots pour expliquer le pourquoi du comment. C'est le cas de celle-ci. Mis à part qu'elle fasse partie de la famille très marginale des pipes Cavalier, que son élégance le dispute à la qualité du bois utilisé, elle n'a rien de très particulier.

Certes, elle est estampillée de la prestigieuse marque Charatan , mais vous ne tomberiez pas amoureux d'une femme pour les marques de ses habits, n'est ce pas ?

Par ailleurs, invoquer l'alchimie des phéromones, si déterminante dans les rapports au sexe opposé ne peut pas tenir un seul instant lorsque l'objet de vos désirs est de bois et d'ébonite.

Vous êtes sous le charme parce que cette pipe correspond exactement à l'image jusque là inconsciente et confuse que vous vous faisiez de l'objet de vos désirs. C'est une révélation.

Apres l'orage que cela provoque dans vos deux hémisphères cérébraux (aussi appelé coup de foudre), un petit frisson parcourt votre corps : vous avez chaud et froid en même temps et votre coeur bat maintenant 130 pulsations/minute. C'est normal et il n'y a pas de quoi vous inquiéter. Ce sont les symptômes habituels de l'addiction et cet état ne dure généralement qu'un temps relativement court.

Cependant s'il s'avérait que les symptômes persistent il est un remède très efficace qui devrait vous sortir de cette attaque paroxystique.

En effet, les pipes qui vous mettent dans ces états ne sont pas les premières venues. Votre bon goût légendaire fait que le phénomène se déclanche tout naturellement et à votre corps défendant pour des spécimens méritant tous les superlatifs. Il suffit donc de jeter un rapide coup d'oeil sur la colonne de droite dans le tableau technique qui accompagne ces articles pour que tremblements, agitation et frissons disparaissent comme par enchantement.

Ca va mieux ?

Nomenclature   Dimensions  
Valeur
       
 

(coté 1) Charatan's Make
London England
Supreme
(coté 2) Extra Large
Made by Hand

  Long : 19,2 cm
Haut : 5,2 cm
Ø int. foyer : 2,4 cm
Poids : 67 gr
 
442,20 €
622,40 $
(Estate)

Autre pipe Cavalier de type calumet chez Charatan :
"Cavalier à Prescott Street"

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 23:12

L'article de Corneel Vermeulen, bloggeur et fin connaisseur du monde de la pipe, qui s'intitule " On Pipes and Blogs" mérite mieux que la simple mention "excellent article" (1), mieux que des remerciements de la part de ceux dont le blog y est cité (Neill Archer). Nous lui devons une analyse critique. Amitié et approbation systématique ne font pas bon ménage.

Il est vrai que notre auteur énumère de manière exhaustive et sans concession, les caractéristiques intrinsèques des blogs. Bravo ! Il nous dit que le blog est un genre qui ne concurrence pas les forums mais vient compléter le paysage des pipes sur le net. D'accord ! Son analyse de l'enfermement qui sévit sur ces fameux forums est tout à fait perspicace. Bien vu ! Autrement dit, j'adhère à la pensée qu'il déroule dans son article .... à 90%.

Reste les 10%

"My point is that if more people were to become involved in this, and start referring to each other and use each other’s writings in order to explore the field of pipes and tobacco a little further, it may open up the entire debate. Rather than having several insular communities who all incessantly rehash the same discussions."

Il défend l'idée de l'interconnexion entre les blogs, l'éventualité pour les idées et les infos de rebondir d'un blog à l'autre.

Il me semble que cela ne se peut qu'a l'intérieur d'un ensemble d'écrits qui partageraient les mêmes préoccupations. Un lien hypertexte doit faire sens. On ne lie pas deux articles s'il n'y a pas de recoupements possibles. Qui se ressemble s'assemble. Et là, on retrouve à nouveau l'enfermement observable sur les forum dont parle Corneel. Je ne crois pas au blog en tant que source de connaissance. Je crois au blog source de plaisir pour son auteur.

Le blog est une démarche centripète, individualiste, pour ne pas dire narcissique. Il est à l'image de la société qui se construit sous nos yeux. Disons le brutalement : je choisis les thèmes de mon blog parce qu'ils m'amusent, égoïstement.

Personne ne s'intéresse plus vraiment aux pipes gainées. Les pipes cavalier : bof bof…, sauf si c'est une Tokutomi, une Cooke, à la rigueur une Dunhill, parce que là, la communauté des highgradistes se sent interpellée. Quel autre blog pourrait proposer un lien pertinent vers un de mes articles à propos des pipes –ballon de sport, des pipes de poche ou autres pipes siamoises ?

A l'inverse, on ne peut pas m'objecter d'être économe en liens, mais ils mènent la plupart du temps vers des sites de pipiers, des sites commerciaux ou vers mes propres articles. Mes petites affaires ne sont pas sérieuses pour la majorité des fumeurs tenanciers de blog qui préfèrent publier sur des pipes qu'ils ont achetées, qu'ils pourraient acquérir, qu'ils fument, des pipes à admirer, des trucs et astuces pour embellir ou améliorer leurs acquisitions ou leurs productions. Cela ne les empêche pas d'aller jeter un œil sur mon blog, mais sûrement pas d'y faire référence : ils ont bien raison, c'est en dehors de leur contexte.

Les bloggeurs, risquent donc en liant leurs articles de fabriquer un corpus et reconstituer des communautés avec les mêmes querelles de chapelle, les mêmes mesquineries et exclusions que l'on voit sur les forums. N'oublions pas l'expérience malheureuse du "Pipe smoke ring" sensé réunir des sites sur la pipe et promouvoir ceux qui y adhérent. Mais saluons l'heureuse initiative de la rubrique "News" sur Pipe Lore dont l'objectif très ouvert est de pointer simplement la nouveauté ce qui est différent de renforcer un passage d'un article en le liant à un autre. Les News ne génèrent pas une communauté.

Ces lignes sont une illustration de ce que j'avançais plus haut. Pour suivre la proposition de Corneel et encourager l'échange entre deux bloggeurs (Corneel et moi, dans ce cas précis), je me suis forcé la main, j'ai mis de coté un moment les thèmes abordés généralement dans ces colonnes pour entrer dans une préoccupation qui agite la communauté. Comment aurais-je pu autrement citer l'excellent article de Corneel ?

(1) Lu sous la plume de Erwin Van Hove sur le forum "Fumeur de Pipe" dans le fil " Pipe Lore : les plogs"

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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 23:01
 
Deux années de blog. Deux années de bizarreries pipières et on n'en voit pas le bout.

En relisant l'article publié sous cette bannière à l'occasion du premier anniversaire de ce blog, je mesure le chemin parcouru.

L'année écoulée a vue l'ouverture d'un site pour laisser place à la recension des logos de pipe trop à l'étroit sur un blog. Cela a été un travail de transposition ardu. Il fallait déménager au plus vite et passer du domaine pipephil.com à pipephil.eu.

Maintenant que c'est réalisé, je peux bien le confier : cette histoire m'a vraiment pris la tête au point où je n'ai pas pu m'empêcher d'y travailler au mois de Mai 2007, lors d'un déplacement professionnel en Egypte. Lorsque, le soleil accablant de Luxor étant au plus haut, et que le moment du repos était arrivé, la sieste sous les palmiers qui bordent la piscine du Old Winter Palace, s'est transformée plus d'une fois en bidouillage informatique. Faut-il être accro !

Toujours est-il que le site fonctionne bien et recevra prochainement les chapitres du blog qui déroulent les thèmes les plus aboutis. Ce sera l'occasion de trouver une mise en page et une navigation plus confortable, d'une tentative pour essayer de corriger les fautes d'orthographe et de style, sans oublier l'amélioration et l'enrichissement des ressources graphiques dans les articles.

Pour ce qui est de la qualité de la prose, elle ne s'est guerre améliorée. De ce coté là, ça plafonne. Mais le rythme de publication qui était névrotique la première année est maintenant plus compatible avec une vie normale. Ouf ! Fort heureusement, cette cadence plus raisonnable n'a pas modifié votre assiduité, bien au contraire.

Recevez mes remerciements chaleureux pour cette fidélité. Je pense en particulier à ce visiteur assidu qui se connecte depuis plus d'un an et demi de Wichita (Kansas USA). Oui, il y a des pipophiles francophiles dans le middle-west.

Enfin mes remerciements vont aussi à ceux qui ont la gentillesse d'annoncer mes articles sur les deux forums francophones ("Fumeur de Pipes" et "Pipes et Tabacs"). Merci à Guillaume, à Nicolas, à JiP et tous ceux qui aident à faire vivre en ces temps difficiles des lieux de convivialité autour de la pipe.

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